Comment les villes devraient se préparer au vieillissement de la population?


Comment les villes devraient se préparer au vieillissement de la population?
Traduction d’après l’article paru sur ArchDaily le 01 mars 2015
Pour voir l’article original : ici
Cannon Design + Peter Ellis – Jaypee Sports City
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un des plus grands agents de changement social a été la génération «Babyboom», ceux qui sont nés dans les années d’après-guerre qui, grâce à une hausse du taux de natalité dans ces années représentent une part disproportionnée de la population. Mais alors que cette population vieillit, quel en sera l’effet sur nos villes?
Dans cet article, publié à l’origine par Metropolis Magazine sous le titre «How Boomers Will Shape the Future of Our Cities » Peter Ellis, directeur de Cannon Design énonce ce qu’attendra sa génération des lieux de vie alors pendant qu’elle vieillira.
Je suis un architecte et un urbaniste. Je suis également parmi la génération Babyboom, la génération d’après 1965, qui en raison de notre nombre croissant, est en train de créer un gigantesque pic sur les courbes de population.
Cependant, nous ne vieillissons comme les générations qui nous ont précédés. « Nous serons en mesure de donner une décennie de bonne santé supplémentaire à un la plupart des gens, en se référant sur ce dont est capable la médécine actuellement», dit Brian Kennedy, président et chef de la direction de l’Institut Buck pour la recherche sur le vieillissement à Novato, en Californie. Les principaux éléments déclencheurs d’un grand nombre de maladies peuvent être contrôlées, permettant aux gens de rester actifs même s’ils sont agés de 80, voire de 90 ans, voire même au-delà.
Comment cette «révolution» de la longévité humaine incide-t-elle sur nos villes? Contrairement à nos parents, les baby-boomers n’ont pas forcément rejoint les maisons de retraite, préférant plutôt rester aussi longtemps que possible dans leurs quartiers, ils peuvent continuer à mener une vie active.
La qualité de vie ne dépend bien sûr pas que des dernières avancées dans la recherche biomédicale. Nous comprenons maintenant que notre environnement physique et notre comportement sont la cause de beaucoup de nos maladies chroniques. Cette prise de conscience souligne notre demande de collectivités durables, qui favorisent un mode de vie actif et sain. Ma génération veut rester physiquement active et migre vers des quartiers accessibles proposant un large éventail d’équipements reliés par un réseau de chemins piétonniers et cyclables.
Notre projet pour le projet Jaypee Sports City intègre un grand nombre de ces stratégies. Le plan de cette ville entièrement nouvelle, situé près de New Delhi, en Inde, établit un réseau de circulations vertes qui relient des îlots d’immeubles plus ou moins hauts à forte densité. Ces parcs piétonniers continus modèrent le climat chaud et humide de la région, retient les pluies de la mousson, fournissent l’eau potable, et relient tous les quartiers et les équipements de la ville.
Dans les villes existantes actuelles, nous commençons à récupérer le domaine public laissé à l’automobile, transformant l’asphalte des rues par des rues vertes, des parcs et des lieux publics. Une ville comme Portland, qui est un des précurseurs du pays dans le développement durable au niveau, peut maintenant quantifier l’impact des politiques environnementales sur la santé de ses citoyens.
Des villes comme Portland qui ont montré la voie dans la création d’espaces urbains piétonniers verts commencent maintenant à quantifier les effets de ces politiques sur la santé publique. Image © utilisateur de Flickr CC Ian Sane
Si les baby-boomers sont sur le point de maintenir une vie productive, notre système national de santé nécessite également une transformation radicale. Afin de réduire les coûts médicaux tout en obtenant de meilleurs résultats, et de soutenir le «vieillissement en place, » il est nécessaire de décentraliser le traitement de certains soins des hôpitaux vers des cliniques de soins ambulatoires, ainsi que les soins communautaires et à domicile. En collaboration avec la Capital District Health Authority à Halifax, Nouvelle-Écosse, nous avons créé un plan pour changer le système de santé centralisé de la ville à des soins de voisinage. Les centres de santé adaptent les programmes de bien-être pour les individus, les aidant à faire de meilleurs choix de mode de vie. En outre, la santé de la population de chaque quartier peut être surveillé afin d’identifier et de gérer les maladies chroniques. La conception et les professions médicales commencent maintenant à comprendre que la conception de la communauté, ses équipements sociaux, ses infrastructures, ses équipements publics, ses parcs ont une incidence sur la santé de ses habitants, bien au-delà de quatre murs d’un hôpital.
Nous devons également prendre en compte que de nombreuses personnes de la génération Babyboom n’auront pas de retraite suffisante pour s’assurer une vieillesse confortable et digne. Sur le plan positif, plus de personnes âgées resteront dans la population active et contribueront à l’économie globale. C’est là une occasion pour les modèles économiques innovants qui offrent des produits et des services à la génération Babyboom comme des soins à domiciles plus approprié et plus abordables par exemple.
Mais tandis que nous pourrions développer des services et des commodités qui rendent nos communautés plus dynamiques et engageantes, de nombreux citoyens peuvent ne pas être en mesure de participer, en raison de leur état de santé, l’âge avancé, ou le stress financier. Cela permet de placer une pression négative sur les recettes de la ville, les recettes de l’impôt foncier, et le coût de la santé et des services sociaux. Il faudra le meilleur de nous-même pour surmonter ce stress sur nos communautés. Nous devrons aborder la structure même et les responsabilités de nos institutions, de nos quartiers, de nos familles et de notre part en tant qu’individus dans un contrat social. Beaucoup de choix difficiles devront être faits.
Ma génération n’est pas seule dans ce désir d’un environnement urbain stimulant, mais est rejoint par les jeunes de la génération Y qui se déplacent vers les centres-villes et sont de plus en plus nombreux. En fait, nous avons en commun une même recherche de qualité de vie urbaine. Prises ensembles, les générations Babyboom et Y comprennent généralement la moitié de la population d’une ville traditionnelle. Unies, nous serons une force puissante pour le changement. Développeurs éclairés et dirigeants communautaires reconnaissent que les jeunes professionnels et les personnes plus âgées sont attirés vers les quartiers multigénérationnels qui favorisent l’échange. C’est, en fait, la ville à son meilleur, la spécificité qui rend la vie digne d’être vécue. J’aimerais imaginer qu’il y aura une volonté sans cesse croissante de changement profond à apporter à nos villes, un changement proche de la vision de Jane Jacobs du quartier urbain idéal. Espérons que nous ne sommes pas des participants actifs dans la « vie et la mort » de nos grandes villes, mais dans leur résurrection.
Peter Ellis, FAIA, dirige le pôle urbanisme de Cannon Design, avec des projets à Dubaï, en Chine, en Allemagne et aux États-Unis.
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